Plaque tournante # 2 (El innombrable, L’innombrable), 2009
Une plaque d'aluminium de 6m. de long 1.20m. de large et 5mm. d'épaisseur est posée au sol. La plaque est peinte d'une couleur grise brillante métallisée. La plaque est composée de deux parties égales. Sur la première partie est creusé deux fois le mot "INNOMBRABLE" à l'endroit et à l'envers, un disque s'articule en son centre, avec les deux articles L' et EL. Ils définissent le mot, mais surtout situent "INNOMBRABLE" dans une langue, une fois en français et une fois en espagnol, ce mot est identique dans les deux langues, mais il n’est pas égal en valeur. Curieusement, il désigne des sens antagonistes et complémentaires. L'INNOMBRABLE ≠ EL INNOMBRABLE (l'Innommable). Le spectateur peut modifier l'ordre des langues en pivotant le disque à la main, un retournement de sens s'en suit.
Dans la seconde partie, on peut voir une suite de nombres. La mécanique habituelle d'une progression arithmétique ou d'une diminution est fortement perturbée par le système employé ; l'augmentation d'un tiret à chaque étape pour former un nombre supérieur dans la suite. Ici les paradoxes sont nombreux, le plus évident est le chiffre 8 composé de 7 éléments, il se répète à de nombreuses reprises. Dans ces deux parties du travail, nous nous trouvons devant une problématique semblable, un mélange de logiques, d'abord une logique "de forme" quelque part troublante dans ses rapprochements, face à une autre logique que je qualifierais de "formelle", la lecture du sens convenu. Cette œuvre cherche aussi à interroger la traduction, la difficulté voir l'impossibilité de traduire l'esprit d'une langue et aussi le rapport entre langage et langage plastique, dans leurs rapports à l'indicible. Malgré toutes ces précisions, je recherche une approche simple physique et spatiale de ce travail relativement épuré. Un regard global qui se dissèque au fur et à mesure de sa perception.
Plaque tournante # 2 (El innombrable, L’innombrable), 2009
Aluminium plate, 6m x 1,20m, 5 mm thick, placed on the ground and painted with metalic color.
This plate is divided in two equal parts. On the first one the word INNOMBRABLE is twice engraved, a side from a disk in his center, on which are also engraved two articles « L »and « EL». On one side the word is in place, on the other it’s reversed. The two articles define the word, but most of all they both give different issues to the word, one in french and the other in spanish. However the word although identical in the two languages, has not equal meaning in value. Strangely, the meaning is at the same time opposed and complementary : L’INNOMBRABLE (the innumerable) ≠ EL INNOMBRABLE (the unamable).
The Viewer may change the ordre of languages by rotating the disk by hand, a reversal of meaning follows.
In the second part, we can see a series of numbers. The usual mechanism of arithmetics increase or decrease is strongly affected by the system forming the numbers, and augmented by a dash at each stage to obtain a superior number in the series. Here lies several paradoxes, the most obvious is the figure 8 composed of 7 elements, repeated many times.
In both parts of the work we are facing the same problem : a mixt of logic, first a logic « of form » with his paradoxical reconciliations, as opposed with a different logic that I name « formal», the reading of the usual meaning.
This work also refer to the issue of translating whether it is possible or not to translate the spirit of a language, and how respectively language and plastic language are refering to the unspeakable. In spite of apparent complexity, I aim to propose a direct and physical view of this work into space. A look on the all that gets more acute along its perception.
Plaques tournantes # 1
Description de la pièce
Cette pièce en 3 parties, met en scène avec une économie de moyen le thème du retournement. Des phrases en différentes langues figurent en creux sur les plaques posées au sol. Un mot pivote et passe d'une langue à une autre. À chaque reprise le sens du mot se trouve changé voire renversé selon l'alignement au nouveau contexte de la phrase. Le propos permute d’une évidence concrète à un propos spirituel et méditatif et vice-versa.
Le langage universel des mathématiques, dans la plaque du milieu, nous propose aussi deux lectures : l'une élémentaire 1 trait, 2 traits, etc... tandis que l'autre est formelle 1,2,3... On note que 5 et 6 basculent d'une logique à l'autre. Cette partie plus abstraite avec le dépouillement du langage plastique employé, devrait favoriser l'appréhension de l'ensemble.
Intentions vis-à-vis du contexte
Dans un contexte touristique, il est commun de voir des textes traduits dans des langues différentes.
Ce travail détourne la donne en proposant pour chaque langue un sens qui lui est propre. Il est probable que la compréhension se fera par un mélange d'intuition et de connaissance partielle de ces langues qui nous sont plus ou moins proches. La question du rapport entre le territoire et la langue se pose, la langue comme frontière, barrière et passage.
La langue originelle de l'Ecclésiaste, l'hébreu, est pour le coup absente car probablement illisible pour la majorité d'entre nous ici. La bible a longtemps été un problème pour les traducteurs. À cet égard elle a forcé l'imagination et la créativité afin de restituer quelque chose d'authentique. L'église construite sur la place forte visible depuis l’œuvre fait écho à la vanité du verset de l'Ecclésiaste, et relativise les réalisations humaines de grande envergure.
Vauban avec son incroyable énergie, son inventivité, son sens de l'économie, pensait ses fortifications aussi bien du point de vue du défenseur que celui de l'attaquant: encore un retournement.
Il répond avec pragmatisme dans ses réalisations à la question du nécessaire. Les qualités substantielles et matérielles de la pièce le soulignent.
Dernier retournement, une plaque de métal chauffe au soleil, elle restitue la nuit tombée la chaleur emmagasinée la journée. Cette œuvre visiblement statique, ambitionne une dynamique due au potentiel de réflexion qu'elle engendre.